Post-partum : faut-il tout dire à une femme enceinte ?

La matrescence

Le fameux quatrième trimestre de grossesse. Je crois que je peux facilement parier que presque aucune femme enceinte n'a entendu parler de ce terme : la matrescence. Inventé par Dana Raphael en 1973, ce mot désigne le fait de naître en tant que mère. Mettre un mot sur le changement qui s'opère lorsque la femme donne la vie permet de normaliser cet état et de pouvoir en parler sans tabou. Clementine Sarlat en consacre une chaîne entière de podcasts, je vous invite à aller les écouter (je vous mets le lien vers son site ici).Faire un enfant ne signifie pas seulement être enceinte puis accoucher. La grossesse, l'accouchement et le postnatal sont de véritables étapes de transformation qui chamboulent le corps et l'esprit des deux parents. En minimisant cet état de transition et en voulant conserver le même rythme de vie qu'avant, la femme oublie de prendre soin de soi et se heurte à des plus gros risques de dépression post-partum.Une amie à moi qui relit mes Mémos illustrés m'a confié être tombé de haut en lisant la partie dédiée au post natal. N'ayant pas d'enfant, elle imaginait la période de post-partum plus évidente, moins douloureuse pour certaines. Le post-partum peut être fluide et doux si on y est préparés. Si l'on sait que les étapes traversées sont normales, on se sent moins seuls et plus soutenus.

Se défaire de l'image édulcorée du post-partum

Comme si la société ne voulait pas montrer la véritable image du post-partum, on nous renvoie une image bien trop parfaite de la femme qui vient d'accoucher. L'image que nous retenons est celle des femmes célèbres qui sortent maquillées et coiffées de la maternité, en inondant Instagram de photos parfaites et de bébés qui dorment. Hors, il y a urgence à préciser que la femme qui accouche a le droit (et la nécessité) de se consacrer à son repos et au lien affectif naissant avec son bébé. Elle devrait mettre de côté les liens sociaux et la coquetterie jusqu'à ce qu'elle ressente le besoin de le s'y consacrer à nouveau.Le post-partum n'est pas glamour et c'est normal. Vouloir à tout prix se remettre vite de l'accouchement en sortant au restaurant ou en organisant une grosse fête pour la naissance peut avoir des conséquences sur la santé mentale et physique de la maman (et sur le développement affectif de l'enfant). En voulant faire trop vite et trop bien, j'ai moi-même vécu une dépression post-partum que je vous raconterais probablement dans un prochain article, je n'étais pas préparée. La société nous met une pression de dingue quant à l'éducation de nos enfants, leur sommeil, le rétablissement de la maman.Des études ont montré que pendant le confinement lié à la crise du COVID-19, les bébés allaités ont repris leur poids de naissance bien plus vite qu'en temps normal. Les mères ont consacré leur temps à s'occuper de leurs nouveaux-nés, sans visite, sans activités stressantes, les bébés ont pu profité de ce lien exclusif et l'allaitement s'est mis en place plus facilement.

Le sommeil de bébé et des parents

Je fais partie de ces femmes qui pensaient qu'un bébé devait faire ses nuits à 2 mois. Les termes colique, reflux et allergie aux protéines de lait de vache m'étaient inconnus. Je ne connaissais pas les pics de croissance, les régressions de sommeil, les angoisses de séparations et les terreurs nocturnes. Je pensais que tout était acquis avec un enfant. Je suis tombé de haut et la chute m'a fait mal.Se renseigner en choisissant les bons ouvrages, c'est la clé pour ne pas penser que l'on est une mauvaise mère si notre enfant ne dort pas à la sortie de la maternité. Le livre Dormir sans larmes de Rosa Jové est selon moi un des seuls ouvrages consacrés au sommeil qui diffuse une information juste sur le sommeil de l'enfant. Ce livre ne donne pas de recette miracle, car vous savez quoi ? Ça n'existe pas.Non, vous n'êtes pas une mauvaise mère si votre enfant se réveille toutes les deux heures; non, ça n'est pas de votre faute s'il pleure le soir pour décharger; non, vous ne perdrez pas vos amis si vous les voyez moins pendant quelques mois (ou alors c'est que le tri était nécessaire). Oui, vous avez le droit d'être fatiguée, de vous plaindre, de pleurer. 

Les changements principaux

En post-partum, attendez-vous à vivre des changements hormonaux, physiques et psychologiques.Voici quelques exemples de changements auxquels vous pouvez vous attendre :

  • votre corps : il a porté la vie pendant 9 mois et a mis au monde un enfant de plus ou moins 3,5 kg. Césariennes et épisiotomies laissent des cicatrices qui sont parfois douloureuses et il convient d'y aller en douceur afin de cicatriser plus facilement. Les kilos pris durant la grossesse ne s'évaporent pas du jour au lendemain, il faut laisser le temps à son organisme de reprendre des forces et y aller mollo sur les régimes, surtout en cas d'allaitement. Vous êtes une belle nouvelle maman, pleine de rondeur et d'ocytocine !

  • votre mental : baby blues bonjouuuur ! Pendant une semaine ou deux, attendez-vous à vivre des émotions très fortes. Préparez-vous à rire, à vous émerveiller, mais aussi à beaucoup pleurer. Avoir l'impression de tout faire mal peut faire partie du processus d'enfantement de votre nouveau rôle de mère. Rassurez-vous, c'est normal et transitoire. Durant cette période, vous allez faire connaissance avec votre enfant, apprendre à le connaître et créer un nouveau langage qui vous appartient. Si cet état émotionnel persiste au-delà du premier mois, il est important de considérer la dépression post-partum et de demander de l'aide à votre entourage ou un professionnel.

  • votre couple : trouvez un équilibre familial peut prendre du temps. Chacun doit prendre ses marques et apprivoiser son nouveau statut de parent et de bébé. Vous n'aurez pas forcément envie de reprendre vos activités sexuelles tout de suite, c'est ok. Prenez le temps d'en discuter avec votre partenaire, soyez à l'écoute de votre corps. Les besoins affectifs sont souvent comblés par l'arrivée du bébé. C'est pourquoi les jeunes mamans ne ressentent pas le désir immédiat de partager des moments de complicité sexuelle avec leur conjoint(e). Privilégiez alors les moments ressources à deux, pendant 5/10 minutes par jour avec un câlin par exemple.

Le mois d'or

Se consacrer pleinement à sa nouvelle famille pendant les quarante jours suivant la naissance est, selon moi, essentiel. Vous aurez bien assez de temps plus tard pour organiser des fêtes pour célébrer la naissance, de ressortir, de faire du sport, de faire le ménage. Plus évident à dire qu'à faire, mais essayez au maximum de lâcher prise !C'est sans doute la clé d'une maternité sereine. En économisant votre énergie le premier mois, vous faites un réel investissement sur le long terme. Vous mettez toutes les chances de votre côté de vivre cette matrescence en douceur. En limitant les activités intenses, les trop nombreuses sollicitations des familles/amis, vous vous épargnez de futures séances chez le psy !Le mois d'or devrait donc se résumer à rester allongée dans son lit avec son bébé au maximum. Allaiter, manger, boire de l'eau. Voilà les trois actions principales sur lesquelles se focaliser. Bien sûr ça n'est pas toujours évident, voire faisable si on a d'autres enfants plus grands à s'occuper. Cependant, il est toujours possible de déléguer au maximum les tâches du quotidien, pour pouvoir se reposer en même temps que notre nouveau-né. Pensez à congeler des gros plats pendant votre grossesse que vous pourrez facilement décongeler une fois votre bébé là. Essayez d'anticiper toutes les choses avant l'accouchement : soins pour la maman et le bébé, changes, couches, etc.J'ai récemment lu un ouvrage formidable qui parle de ce fameux mois post-partum : Le Mois d'or - Bien vivre le premier mois après l'accouchement de Céline Chadelat et Marie Mahe-poulin (disponible ici)

Faut-il tout dire du post-partum ?

Selon moi, plus la femme aura d'informations, mieux elle pourra se préparer et s'éviter ainsi de mauvaises surprises. Cela ne signifie pas tout planifier à la seconde près, mais plutôt d'avoir une vision globale et réaliste sur les attentes et les besoins d'un nourrisson. En tant que doula, j'insiste beaucoup sur la préparation du post-partum en amont, pour que les femmes ne se sentent pas soudainement seules et désemparées lorsqu'elles rentrent chez elle avec leur bébé pour la première fois. Il est possible de garder une part de mystère. De toutes manières, l'après-naissance se façonnera au gré des expériences, mais cela ne coûte rien de se renseigner sur le nombre de kilomètres que comporte le marathon avant de le courir ! Vivre un post-partum plus doux pour une vie plus douce 🌼,Comment avez-vous vécu votre post-partum ? Je serai ravie de partager vos témoignages sur ce blog, n'hésitez pas à me contacter pour en discuter !Belle journée à vous les mamas 🌈

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