Pourquoi je déconseille la méthode Chrono Dodo

Être mal informés sur le sommeil des bébés

L'obsession pour le sommeil

Je vais vous expliquer comment j'en suis arrivé à faire la méthode Chrono Dodo et pourquoi cette méthode ne nous a pas aidé. Comme beaucoup de jeunes parents, lorsque j'ai eu mon fils, j'ai fait une véritable fixation sur son sommeil. J'ai espéré qu'il s'endorme vite tout seul et qu'il dorme toute la nuit alors qu'il avait à peine quelques mois. J'ai d'abord attendu la fin de la période des coliques (environ 3/4 mois). Ensuite je me suis dit qu'une fois son RGO traité ça irait mieux. J'ai attendu qu'il pèse plus de 5 kilos, qu'il mange solide, qu'il ne fasse plus ses dents. Bref, j'ai passé quasiment la première année à attendre qu'il dorme. Plutôt que de me consacrer à lui, à m'en occuper et à profiter des moments de repos pour dormir avec, j'ai essayé de tout contrôler. En vain.

Un point sur l'acquisition du sommeil chez bébé

Je ne vais pas ici expliquer dans le détail comment fonctionne le sommeil de bébé, car beaucoup d'ouvrages le font très bien (je vous recommande de lire Dormir sans larmes de Rosa Jové, disponible sur Amazon). Il ne donne pas de recette miracle, car il n'y en a pas, et vous verrez que la méthode Chrono Dodo n'en est pas une non plus. Je ne citerai que les quelques points suivants :

  • La façon de nourrir votre enfant n'aura PAS d'impact sur son sommeil. Que vous choisissiez l'allaitement ou le biberon, le sommeil est un processus physiologique et cela ne servira à rien d'opter pour le biberon ou la diversification précoce en espérant qu'il dorme mieux. L'allaitement est recommandé jusqu'à deux ans par l'OMS et il favorise le sommeil réparateur pour les bébés et pour la maman.

  • Le sommeil des enfants ne s'acquiert réellement qu'entre 3 et 6 ans.

  • Il est donc NORMAL que votre enfant se réveille encore la nuit jusqu'à 6 ans.

  • Plusieurs facteurs peuvent venir perturber le sommeil de votre bébé : la faim, la sensation chaud/froid, le besoin d'être changé, le besoin d'être réconforté, les problèmes digestifs (coliques, reflux, ...), les dents, les nouvelles acquisitions (marche, parole, propreté, ...).

Le manque de sommeil et le besoin d'agir

Comme je vous le disais plus haut, j'étais mal informée et je culpabilisais à l'idée que mon fils ne fasse toujours pas ses nuits à 4 mois. C'est la première question que mon entourage me posait à chaque fois : "est-ce qu'il fait ses nuits maintenant ?" ou encore "peut-être que c'est l'allaitement qui l'empêche de dormir", et j'en passe. J'étais arrivée à un point d'épuisement tel que je ne supportais plus de m'en occuper la nuit. Je devenais irritable et je commençais à sombrer dans la dépression post partum. Parce que je n'avais pas mis en place les bonnes méthodes de récupération (j'en parle dans cet article sur le sommeil).Quand il ne présentait plus de signe de reflux, et après avoir googlisé "mon enfant ne dort pas que faire" une centaine de fois, je suis tombé sur un article parlant de la Méthode Chrono Dodo. Une méthode miraculeuse avec laquelle bébé fait ses nuits en 3 jours. Woaw, il fallait que j'essaie.

En quoi consiste la méthode Chrono Dodo

Le principe

La méthode Chrono Dodo consiste à poser bébé dans son lit, sortir de la chambre et attendre quelques secondes avant de rentrer à nouveau s'il pleure (ce qu'il fera). Puis d'augmenter cet intervalle d'attente à chaque fois jusqu'à ce qu'il s'endorme. Sans jamais le prendre dans les bras. L'auteur de la méthode explique qu'il faut instaurer un climat de sécurité autour du sommeil et mettre en place des rituels. Je suis en accord avec toute cette première partie. En revanche, elle dit que la méthode peut s'appliquer aux bébés dés l'âge de trois mois, pour le coup, je trouve cela vraiment dangereux et j'expliquerai pourquoi par la suite. Le livre est assez bien fait car à la fin nous n'avons pas le sentiment qu'on va laisser pleurer notre bébé. Mais en fait c'est, selon moi, la méthode 5-10-15 revisitée. 

Notre expérience

J'ai tout d'abord lu le livre. Nous avons commencé la méthode un soir en expliquant à Timéo que ce soir il s'endormirait tout seul, qu'il n'avait plus besoin de nous pour s'endormir (il avait 5 mois, donc OUI il avait encore besoin de nous). Après un rituel simple : bain, tétée, livre, câlins, l'heure était venue de le poser dans son lit. À peine posé sur le dos dans son lit, notre fils s'est mis à hurler à la mort. Nous avons attendu 30 secondes, les plus longues de ma vie, j'avais l'impression qu'on l'égorgeait. Nous avons fait des allers-retours comme cela en sachant que les pleurs seraient encore plus longs à chaque fois. Au bout de 40 minutes, il s'est endormi. Il s'est réveillé 2 heures après comme à son habitude. Cette fois-ci il a pleuré 2 h non-stop. J'ai craqué, je l'ai mis au sein. J'en pleurais. Impossible de continuer comme ça. J'ai donc pris rendez-vous avec l'auteur du livre qui propose des consultations. Elle m'a conseillé de ne pas craquer, que c'était pire. Je lui ai dit que je trouvais cela cruel et elle m'a assuré que c'était normal, qu'il finirait par se rassurer tout seul.Nous avons donc continué ainsi pendant deux semaines, sauf pour les réveils de nuit. Et effectivement, Timéo a commencé à s'endormir seul pour les siestes et au coucher. Mais toujours en pleurant/hurlant 15 minutes ou plus, SEUL DANS SON LIT. 

Les bonnes informations

Au bout de deux mois de méthode, j'ai commencé à me renseigner auprès des bonnes personnes, j'ai pris connaissance du terme "maternage proximal" qui résonnait fort en moi. En fait j'avais tout faux. J'ai regretté instantanément d'avoir utilisé une méthode pour le faire dormir. Je sentais au fond de moi que laisser pleurer mon fils n'était pas bon, ni pour lui, ni pour moi. Notre couple aussi en a pris un coup. J'avais "décidé" de lui apprendre à dormir, mon conjoint m'avait suivi dans cette histoire et il avait du mal avec mes changements d'avis permanents sur la méthode : "on a dit qu'on faisait la méthode Chrono Dodo alors on doit le laisser pleurer". C'était avant que je lui explique pourquoi c'est mauvais de faire comme ça et pourquoi notre jugement a été biaisé par un trop-plein de fatigue. La fatigue nous a littéralement rendu aveugles. 

L'ambivalence du "laisser pleurer"

Je sais que c'est un peu un sujet sensible, mais je me lance et je mets les pieds dans le plat. Je pense qu'il y a plusieurs interprétations (et souvent des mauvaises) de la notion de "laisser pleurer". Selon moi, et ça n'implique que moi, il y a :

Laisser pleurer son bébé tout seul

  • Dans sa chambre, la porte fermée, les parents dehors. C'est ce qui est néfaste pour l'enfant. C'est d'abord ce qui provoque en lui une détresse et fait monter son taux de cortisol, l'hormone du stress. Et éventuellement après le bébé se calmera, car il aura enregistré qu'il est seul et que personne ne répondra à ses appels. Il se résignera. Les livres comme celui de la Méthode Chrono Dodo vous diront que bébé s'est apaisé et qu'il a compris qu'il était en sécurité. Ils vous diront que vous pourrez être fiers de lui car il est grand et qu'il a compris.

  • Mettons-nous quelques instants à leur place. Je suis triste et apeurée et j'appelle mon copain pour qu'il vienne me réconforter. Imaginons ensuite que ce dernier parte de la chambre à la place, et me laisse pleurer. Qu'il revienne me voir toutes les 2 minutes (à ce moment moi, je suis rassurée) puis reparte et ainsi de suite. Non seulement mes émotions vont faire des montagnes russes, mais je vais surtout finir par lâcher l'affaire en me disant que tant pis, il ne viendra pas. Jamais je ne vais me dire "Ah ça y est je suis hyper rassurée !". C'est pareil, voire pire, pour nos bébés, car ils ne sont pas autonomes.

Accompagner bébé dans ses pleurs

  • C'est un compromis. Quand on est à bout et qu'on ressent le besoin de sevrer notre enfant du sein, du biberon ou de la tétine la nuit, je sais qu'il existe des méthodes plus douces (d'ailleurs, nous sommes passés par là ensuite, et c'est ce qui nous a tous apaisés, j'en parle ici). Je pense tout d'abord qu'il est important de ne pas sevrer son enfant quand il a moins d'un an, car la première année est vraiment compliquée pour eux et il sera difficile de leur faire comprendre qu'il n'ont plus besoin de manger la nuit. Il sera forcément furieux les premières nuits, mais il est possible d'être avec lui, de continuer le cododo, de lui parler, de le câliner, le bercer, lui chanter des chansons, BREF DE LE RASSURER. C'est complètement différent du point précédent.

Ne jamais laisser pleurer bébé

  • DU TOUT, excepté quand on prend sa douche et qu'il se réveille et qu'on a pas eu le temps d'arriver assez vite dans la chambre. Oui, il est aussi possible de faire le choix de répondre instantanément aux besoins de bébé si on ne ressent pas le besoin de le sevrer, si cela ne nous dérange pas de dormir avec et d'être réveillé la nuit. Si chaque personne de la famille y trouve son équilibre, c'est super et c'est la meilleure des méthode, la non-méthode. (Aujourd'hui nous en sommes là, je vous explique tout ici.)

Se faire aider, les solutions alternatives

Choisir de se faire accompagner

Quelques mois plus tard, nous avons fait le choix de nous faire accompagner, car le sommeil de Timéo et les "échecs" quant à son apprentissage du sommeil nous avaient mis à bout. Nous étions perdus, ne savions plus écouter notre bébé et étions complètement désemparés face à ses pleurs. Car contrairement à ce que la méthode Chrono Dodo promet, nous avions un bébé qui ne dormait toujours pas et qui avait perdu confiance en nous. C'était un bébé stressé d'aller au lit et qui ne se rassurait même plus dans nos bras. Nous ne voulions pas retomber sur une méthode du même style.Nous avons donc fait appel à une "coach du sommeil" (même si je n'aime pas ces mots, car le sommeil ne s'apprend pas). Laure m'a tout de suite rassurée en m'expliquant qu'elle aussi bannissait les méthodes de "laisser pleurer". Elle ne nous a pas donné de solution miracle, elle nous a juste rassuré sur le fait que nous étions de bons parents. Que les réveils de Timéo étaient normaux et qu'il fallait juste qu'on réapprennent tous à se faire confiance. Elle a vraiment eu un impact bénéfique sur notre famille. Pour connaître les détails de l'histoire je vous invite à lire cet article où je détaille notre expérience.

Assumer le choix du maternage proximal

Au moment où j'écris cet article, Timéo a 16 mois. Nous avons décidé de bannir pour un temps tous les apprentissages relatifs à son sommeil. Nous avons trouvé des solutions comme le lâcher prise et nous avons mis un lit au sol pour dormir avec lui, ce qui nous convient parfaitement. Notre fils se réveille encore plusieurs fois la nuit et se rendort avec le sein. Mais il ne pleure plus du tout ! Nous avons fait le choix de répondre à ses besoins de succion/réconfort la nuit sans le sevrer pour le moment. Je sais qu'un jour viendra où ce sera trop dur pour moi d'assumer la fatigue et les réveils de nuits.Quand je serai prête et à ce moment-là seulement nous opterons pour un sevrage nocturne, en appliquant les précieux conseils donnés par Laure. Peut-être qu'il dormira d'une traite d'ici là sans que nous ayons à faire quoique ce soit ? Je sais que c'est possible, je lis régulièrement des témoignages qui vont dans ce sens. Les mamans, ne perdez pas espoir, vous dormirez un jour et ses moments vous paraîtront bien lointains !  J'espère que cet article vous aidera à y voir plus clair sur les méthodes qu'on peut trouver dans de nombreux livres et qui prônent l'apprentissage du sommeil par le laisser pleurer. N'hésitez pas à témoigner sur les nuits de vos bébés !

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